Composter en ville grâce au Bokashi de RECUP (2/2)

L’équipe RECUP , le service de Compostage Urbain Participatif présent à Bordeaux, Lille et Toulouse

« Chaque semaine on collecte environ 100 familles, ce qui représente 1,2 tonnes de biodéchets ! « 

Alexandra, fondatrice de Recup
Suite de notre entretien avec Alexandra, fondatrice de RECUP, une association qui propose un service de compostage à tous les citadins (voir article précédent). Dans cette partie, je vous propose de comprendre comment on peut développer ce service dans sa ville et quels sont les leviers d'évolution pour inventer le compostage du futur !

[RDP] Aujourd’hui tu gères cette association avec une équipe composée de 3 personnes en service civique, comment avez-vous imaginé l’équilibre financier de Récup ?

A la création de Récup, nous avons chacun mis 100 euros pr le dépôt de marque à l’INPI et après on a eu des soutiens de la part de différentes fondations : prix de fondation de Léa Nature, fondation Nature et Découvertes, fondation Véolia … cela nous a permis d’avoir de la trésorerie pour acheter les seaux, le vélo, le camion etc…

Ensuite, chaque famille paye un abonnement de 70 € par an, ou 60 € pour les étudiants. Sur ce modèle, on peut embaucher un coursier à temps plein toutes les 470 familles.

Après le modèle économique reste instable car 70 euros, ça permet de payer quelqu’un mais pas de faire du développement, de la stratégie, des investissements… Donc là on essaye de développer des services à coté pour rentabiliser les livraisons, en proposant un service complémentaire. En avril, on a lancé notre livraison de panier bio, qu’on livre en même temps que l’on récupère le bokashi.

[RDP] Est ce qu’il existe des initiatives similaires dans d’autres ville de France ?

En France, ce service pour les particuliers, nous sommes les seuls à le faire. Il existe des collectivités qui le font, ils ont ajouté une poubelle pour les biodéchets. Mais au final, cela se fait plus en milieu rural, car il faut avoir de la place pour une nouvelle poubelle. En fait, la collecte des biodéchets est vraiment un problème en ville, puisque en zone rurale, les gens ont généralement des jardins où ils peuvent composter, ou des espaces verts à disposition facilement pour offrir un service de compost collectif.

Le challenge c’est en ville, où tout est plus compliqué car la diversité des habitats demande une réflexion mixte, qui permettent à tous de composter, qu’on soit en maison, en immeuble ancien ou récent … Certains quartiers bénéficient de nombreux espaces verts, d’autres pas du tout, les immeubles récents permettent le stockage de nouvelles poubelles par exemple, les immeubles anciens non… Pour l’hypercentre hyperdense, difficile de rajouter une poubelle, donc c’est là où nous on est efficace . Notre objectif n’est pas de quadriller la métropole, mais d’être présent là où les gens en ont besoin, les zones hypercentre, les grands immeubles ou zones très urbaines où il n’y a pas d’espaces verts autour.

[RDP] Donc aujourd’hui, toi Alexandra, tu deviens avec RECUP une professionnelle du sujet du compostage en ville, est ce que tu es impliquée dans certaines réflexions de la ville , de Bordeaux notamment ?

J’aimerais bien 😊

On est en contact avec les réseaux « Au ras du sol » qui mettent en place les composteurs partagés sur la métropole. On échange avec eux pour leur présenter le bokashi et faire des échanges de bonnes pratiques. Mais après c’est tout, on a finalement à ce jour, plus de contact avec la métropole de Lille et de Toulouse, qu’avec la métropole de Bordeaux !

(poke la CUB, poke la Mairie de Bordeaux 😊)

[RDP] Oui car Après Bordeaux, RECUP se lance à la conquête de Toulouse et Lille, comment s’est passé le déploiement du projet ?

Oui, ce sont des porteurs de projet sur place qui déploient Récup dans leur ville. Principalement des amis d’amis qui partagent nos valeurs. Pour Toulouse, c’est un des fondateurs de Bordeaux qui est retourné à Toulouse pour monter le projet là-bas par exemple.

« Vous avez de l’or dans vos poubelles » RECUP

[RDP] et aujourd’hui pour faire un saut dans votre développement, quel serait le scénario idéal ?

Ce serait de tester un quartier entier à taille réel. 800 habitations que l’on collecte à l’année.

Voir si on peut laisser les bokashis dans les halls d’immeubles, combien de temps nous prend la collecte sur une zone réduite etc… Ce test nous permettrait de définir notre coût réel sur un quartier, voir quelle économie d’échelle on fait si on travaille sur une zone plus restreinte mais plus dense où tous les habitants participent à l’expérience.

Aujourd’hui, collecter individuellement les gens, ça coûte cher pour une collecte, en terme de temps passé, du temps humain pour faire beaucoup de vélo avec peu de collecte. Si on gère beaucoup de gens sur un petit espace, ce qui représenterait la réalité en 2023, on pourrait voir de combien on peut réduire notre coût et savoir à combien pourrait être l’abonnement dans ces conditions.

[RDP] Est-ce que ce serait imaginable que vous mettiez en place un lieu de ramassage comme les box du Relais par exemple ?

Oui c’est exactement ce qu’on veut faire, dans les grands immeubles récents, il y a généralement de la place dans les locaux poubelle etc, on pourrait mettre une box comme ça dans ces locaux.

[RDP] Aujourd’hui, tes abonnés (et donc moi maintenant) on paye 8 euros par mois, en 2023, étant donné que ce sera obligatoire qui paiera ?

Alors ça dépend, ce que chaque ville de France décide.

Soit les villes font un marché public et elles choisissent une ou plusieurs entreprises pour le faire et ensuite elles intègrent ces coûts dans les impôts locaux.

Soit les villes peuvent soutenir des projets sans faire de marché public , mais en disant à la population que maintenant ils sont facturés au poids pour leurs poubelles classiques et que donc ils ont tout intérêt à aller composter leurs déchets avec le bokashi RECUP’ ou autre solution pour ne pas avoir à payer en plus. Ça peut paraître compliqué à mettre en place cette solution au poids, mais les collectivités sont déjà en train de la tester dans plusieurs quartiers donc ça pourrait voir le jour.

[RDP] Et si un de nos lecteurs souhaitait monter une antenne RECUP dans sa ville, comment ça se passe ?

Alors on est justement en train de finaliser notre solution pour rendre cela possible facilement partout. On imagine actuellement un format où la personne vient en stage ici 1 semaine pour voir comment on s’organise, quels outils on a choisi, faire un échange de bonnes pratiques. Pour ces antennes, on pourra proposer des tarifs préférentiels sur l’achat des seaux, des EM, des Vélos, de tout le matériel. Plus on aura d’antennes, plus on aura de grandes quantités, plus les prix seront avantageux bien sûr.

On a aussi développé une plateforme web pour gérer les collectes : pour une nouvelle ville il suffit juste de reparamétrer l’application avec la carte de la ville en question.

On veut créer un réseau d’échanges et d’entraide pour optimiser les solutions, faire connaitre nos actions et être visible au niveau national. Notre envie est que Récup se développe et joue un rôle clé dans la transition vers un compostage urbain malin et engagé.

[RDP] Un conseil, si quelqu’un veut se lancer dans ce projet ?

Oui c’est assez simple, il faut surtout de la motivation pour porter le projet et pédaler sous la pluie !

Notre limite aujourd’hui c’est le vélo et sa capacité à transporter un grand nombre de seaux, heureusement nos voisins VUF créent des vélos utilitaires sur mesure et vont nous permettre d’accroître notre capacité de 5 seaux aujourd’hui à 12. Cela va améliorer encore nos conditions de ramassage.

Après il faut l’accord de la ville, car on propose un service de ramassage des déchets et c’est normalement de leur ressort, donc le mieux c’est de les prévenir et de leur présenter le service.

En tous cas , si le projet vous intéresse, n’hésitez pas à contacter l’équipe, que ce soit pour vous abonner ou pour développer le projet dans votre ville : contact.bordeaux[@]recup-bokashi.fr

[RDP] Pour continuer à changer le monde et réfléchir à la ville du futur, est ce que tu aurais des projets que tu suis à partager avec nous ?

Oh oui, y’en a tellement.

  • La fumainerie, c’est un projet de mise en place d’un réseau d’assainissement en toilettes sèches.

Ils enlèvent les toilettes humides des maisons et les remplacent par des toilettes sèches, ils s’occupent ensuite de la collecte pour les particuliers. Le projet a été lancé par un collectif citoyen avec l’appui de l’entreprise « un petit coin de paradis » , qui met en place les toilettes sèches sur les festivals. Ils ont l’habitude de gérer des quantités. Et là ils ont créé ce projet associatif pour créer un réseau pour la ville. C’est vraiment un projet qui a pour but de montrer que c’est possible en ville d’avoir des toilettes sèches, qu’un modèle peut être viable .

Ils ont atteint leur objectif en crowdfunding, ils sont accompagnés par ATIS (incubateur du Lot et Garonne) et vont s’installer à Mérignac avec nous.

Ils mettent à disposition des contenant en verre dans des restaurants, sous consigne. Les gens viennent chercher leurs plats à emporter et payent la consigne, qu’ils récupèrent en ramenant le contenant. Boxeaty s’occupe de récupérer chaque jour les contenants, les laver et les remettre à disposition des restaurateurs. Les restaurants Paus’k notamment à Bordeaux utilisent ce service qui rencontre un franc succès !

[RDP] Merci beaucoup Alexandra pour ton accueil, ces explications et surtout pour ce projet qui permet facilement de composter en ville même quand on n’a ni terrasse, ni jardin. #TOUSAUCOMPOST !

vive le compost #semaineducompostage #TousauCompost2020

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